Roger Peyrefitte, de son nom complet Roger Paul Louis Peyrefitte, est né à Castres dans le Tarn en 1907. Issu d’une famille bourgeoise catholique, il grandit dans un environnement où la rigueur morale et religieuse est très présente. Élève brillant, il se passionne tôt pour les lettres et les langues anciennes. Après des études au lycée Janson-de-Sailly puis à l’École des langues orientales, il se destine d’abord à une carrière diplomatique avant de devenir l’un des écrivains les plus controversés de son temps.
Entré dans la diplomatie française, il sert notamment en Grèce et au Vatican. Cette expérience au sein du corps diplomatique nourrit plusieurs de ses œuvres futures, où il dépeint avec ironie et précision les hypocrisies de la haute société et des milieux ecclésiastiques. Sa plume fine, son sens de l’observation et son goût du scandale feront de lui un auteur redouté autant qu’admiré.
Son premier grand succès littéraire, Les amitiés particulières, publié en 1943, évoque avec tendresse et audace les amours adolescentes dans un collège religieux. Le livre choque autant qu’il séduit, car il aborde frontalement l’homosexualité à une époque où le sujet reste tabou. Ce roman, largement autobiographique, lui vaut le Prix Renaudot et assoit définitivement sa réputation d’écrivain à part, à la fois élégant, subversif et lucide.
Par la suite, Peyrefitte poursuit une œuvre prolifique, alternant récits satiriques, essais historiques et pamphlets. Ses livres, tels que Les Clés de Saint-Pierre, L’Exilé de Capri ou encore Du côté de chez Proust, mêlent critique sociale et exaltation de la beauté masculine. Il se fait aussi remarquer pour ses prises de position anticléricales, son goût du débat public et son sens aigu de la provocation intellectuelle.
Homme de salons, dandy érudit et grand causeur, Roger Peyrefitte fréquente les milieux artistiques et littéraires de Paris tout en menant une vie libre, loin des conventions. Il entretient notamment une relation amicale et spirituelle avec plusieurs écrivains et peintres contemporains. Son style raffiné et ironique fait de lui un observateur privilégié des mœurs françaises du XXe siècle.
À mesure que les décennies passent, il devient une figure singulière de la littérature française, admirée par certains pour son courage à parler ouvertement d’homosexualité, rejetée par d’autres pour son cynisme et ses provocations. Sa liberté de ton et sa critique virulente de l’Église catholique lui valent autant d’ennemis que de fidèles lecteurs.
Jusqu’à la fin de sa vie, Peyrefitte continue d’écrire et de publier. Il demeure fidèle à son image d’intellectuel indépendant, attaché à la vérité de ses émotions et au droit à la différence. Ses œuvres traduisent son goût pour la beauté, la jeunesse, l’esprit et la transgression.
Roger Peyrefitte s’est éteint à Paris en 2000 à l’âge de 92 ans. Il repose au cimetière du Montparnasse, dans la capitale, où de nombreux admirateurs viennent encore saluer la mémoire d’un écrivain brillant, iconoclaste et profondément libre.
samedi 17 août 1907 - dimanche 5 novembre 2000
samedi 17 août 1907 - dimanche 5 novembre 2000