Jacques Tati, de son vrai nom Jacques Tatischeff, est né à Le Pecq, dans les Yvelines, en 1907. Issu d’une famille franco-russe, il grandit dans un milieu cultivé et artistique, où l’humour et l’observation du monde faisaient partie du quotidien. Très tôt attiré par le sport, il se distingue comme joueur de rugby avant de se tourner vers le spectacle, où il met à profit son sens inné du mime et de la gestuelle.
Dans les années 1930, il débute sur scène avec des numéros comiques inspirés du sport et de la vie moderne. Son talent d’observateur, sa précision corporelle et sa façon unique de raconter sans paroles lui valent rapidement un succès d’estime dans les cabarets parisiens. Ces sketchs, souvent muets, posent déjà les bases de son futur style cinématographique : un humour visuel, tendre et satirique, nourri de petits riens et de situations absurdes.
Après la Seconde Guerre mondiale, Jacques Tati passe naturellement au cinéma. Il écrit et réalise "Jour de fête" (1949), un film qui deviendra culte. Dans cette œuvre, il campe le facteur François, un personnage maladroit mais attachant, inspiré par le monde rural et les transformations de la France d’après-guerre. Ce premier long-métrage révèle sa personnalité d’auteur complet et son goût pour la critique douce des travers de la modernité.
C’est avec "Les Vacances de Monsieur Hulot" (1953) que Tati crée son personnage emblématique : Monsieur Hulot, silhouette longiligne au chapeau, imperméable et pipe, éternel distrait à la fois drôle et poétique. Ce film, sans véritable intrigue, offre une succession de scènes d’observation où l’humour naît du décalage entre Hulot et la société moderne. Il lui vaut une reconnaissance internationale et plusieurs prix.
Tati poursuit cette veine avec "Mon Oncle" (1958), satire douce-amère de la modernité et du progrès technologique. Le contraste entre le vieux Paris pittoresque et la maison ultra-moderne de sa belle-sœur illustre son regard critique sur la société de consommation. Le film obtient l’Oscar du meilleur film étranger et consacre Tati comme un maître du comique visuel.
Dans les années 1960, il réalise "Playtime" (1967), œuvre monumentale tournée en 70 mm, entièrement construite autour de décors géants symbolisant la déshumanisation du monde moderne. Bien que salué par la critique, le film est un échec commercial qui ruine Tati financièrement. Cependant, il est aujourd’hui considéré comme son chef-d’œuvre, une œuvre d’avant-garde unique par sa mise en scène et sa vision prophétique du monde industriel.
Malgré ses difficultés, Jacques Tati ne renonce jamais à créer. Il réalise encore "Trafic" (1971) et "Parade" (1974), films où il garde cette même tendresse pour les gens simples et cette fascination pour les objets et les gestes du quotidien. Sa carrière, bien que marquée par des obstacles financiers, reste celle d’un artiste indépendant et perfectionniste, fidèle à sa vision du cinéma.
Jacques Tati s’est éteint le 5 novembre 1982 à Paris. Il repose au cimetière de Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines, non loin de son lieu de naissance. Sa tombe, sobre, attire encore aujourd’hui les admirateurs de son humour poétique et de son regard bienveillant sur la nature humaine.
mercredi 9 octobre 1907 - jeudi 4 novembre 1982
mercredi 9 octobre 1907 - jeudi 4 novembre 1982