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Ethan DUBOIS
12 octobre 2005 - 25 mai 2007
Décédé(e) à l'âge 1 ans 7 mois 13 jours

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Ce jour tragique où tu es parti. Sans bruit, sans s'y attendre....
Ce matin là, le réveil n'a pas sonné... tu avais mit le volume au minimum et tu as dormis jusqu'à 9h00. Chose rare de ta part !
J'avais normalement rendez vous avec l'assistant social pour voir comment procéder après la mise à pieds de papa. J'ai du annuler car j'étais en retard, on m'a donc fixé un rendez vous l'après midi à 14h.
Ce matin là, j'ai changé les draps de notre lit. Toi et Hugo vous vous êtes amusé à sauter sur le lit, à faire les fous. Je me souviens que tu as pris la taie d'oreiller et que tu l'a posée sur tes jambes, comme une couverture.
Vous étiez infernales !

Vers midi j'ai fais à manger, des crêpes au fromage et au jambon. Tu ne tenais pas en place donc je t'ai couché assez vite après avoir mangé.
Vers 13 h je t'ai donc couché. J'ai enlevé la clenche de la fenêtre et l'ai posé sur le rebords pour la remporter avec moi... et j'ai fermé le volet. On a fait un tit câlin, mit les veilleuses en marche et je suis sortie de la chambre.... en laissant cette maudite clenche.
Je me suis préparée pour aller à mon rendez vous. Papa jouait avec Hugo à la playstation. Quand je suis revenue, tu dormais encore. J'ai alors un peu parlé avec Marika sur MSN. Puis vers 15h je t'ai entendu râler dans ton lit. J'ai dis à Marika : "je re Ethan semble grognon".

Arrivé dans la chambre tu étais debout dans ton lit. Tu avait les cheveux en bataille. Lorsque tu m'as vu tu t'es recouché. Alors j'ai mit le drap sur toi en disant: "il fait dodo Ethan". Puis tu l'as enlevé tu m'as dit "coucou"et tu t'es remit debout dans ton lit. Tu m'a donné gros nounours, boubou et le petit chien pour que je les sortent du lit. Puis tu es revenu vers tes veilleuses. Tu les a mises en marche et j'ai chanté au claire de la lune avec.. Puis tu m'as montré la photo de papa au dessus de ton lit, tu as dis " papa" puis tu as montré la photo de moi et tu as dis "maman". Puis d'un bon tu étais de l'autre côté du lit. Là tu as sorti le petit livre avec des photos. Tu m'a montré le chat puis "huho" Hugo puis papa puis maman puis mamie puis papy.... pour une fois tu n'as pas dis papou !
Puis tu as passé ta main dans la moustiquaire que tu avais déjà pas mal trouée. Tu as attrapé le bras pour ouvrir le volet et tu as essayés de le tourner. Je t'ai demandé: " tu veux ouvrir" alors j'ai ouvert, d'une vingtaine de centimètres.
Puis le temps de notre dernier câlin est arrivé. Je t'ai pris dans mes bras et je t'ai serré un cour instant contre moi. Je t'ai posé par terre et je me suis souvenue qu'Hugo avait laissé ses légo de sortis. Je suis passé devant toi pour aller enlever la clenche de la porte.
Je t'ai tourné le dos.... je pensais que tu me suivrais, que tu irais retrouver papa et Hugo.... je suis allée dans le couloir, j'ai enlevé la clenche que j'ai posé sur ta table à langer dans la salle de bain, puis je suis repartie dans la salle pensant te trouver....
Je réalise très vite en ne te voyant pas dans la pièce. Un frisson glacé me parcoure. Mon cœur s’accélère. Comme dans un rêve, à la fois flou et d’une netteté cruelle, je revois mon geste au moment de te coucher. Un simple oubli qui va nous faire basculer dans l'horreur.


Je me précipite dans la chambre et je vois la fenêtre grande ouverte. Une ouverture béante de laquelle je ne peux m’approcher. Une force étrange, violente, incontrôlée interdit à mon corps de bouger. Une tension nerveuse se diffuse dans mes membres comme un courant électrique. Une alarme stridente raisonne dans mon crâne. Tout se bouscule en moi. Et brutalement, sans crier gare, je sens monter dans ma poitrine un cri, un hurlement animal, instinctif. Ton père accoure et se penche à la fenêtre de la chambre. Hugo est pétrifié par l’effroi qui lit sur nos visages, la panique le submerge à son tour et il lâche les mots : "il est mort". Les mots me pénètrent comme des coups de poignards. Non, ce n'est pas possible ! Je ne veux pas ! Je ne peux pas ! On ne peut pas y croire ! ! J'ouvre le volet de salle, j’aperçois la silhouette d'un voisin, le portable à l'oreille qui regarde en direction de l'immeuble, et je plisse les yeux pour tenter de lire son expression, pour chercher sur ses traits la réponse à la terreur qui déchire mon ventre, brouille mes pensées.


J’entrevois ce que je refuse de concevoir. Je pars, j'ai compris, mais je ne veux pas y croire ! Machinalement je prends les clés, j’appuie sur le bouton de l'ascenseur, tout va très vite. Mes gestes se font comme des automatismes. Les secondes s’étirent et le temps semblent arrêté. Pourtant un sentiment d’urgence me secoue et j’ai la sensation que je suis avec toi, connectée. Ton esprit et le mien fusionnent, indissociables. Je réalise que je dois prendre l'escalier... 7 étages....L’espace se distord et j’ai l’impression que les étages s’allongent, et je me persuade sur toute la descente que tu vas vivre ! Tu ne peux pas mourir. Tout cela ne peut pas finir ainsi ! Ce n’est pas possible. Je me dis que tu es sur l'herbe, que l'on va aller à l'hôpital, que ce soir tu rentreras avec nous... Tout ce passera bien. Je ne peux pas imaginer un seul instant te perdre. Je ne peux pas croire que cela t’arrive à toi, que cela nous arrive à nous…. Et pourtant !


J'arrive en bas, je pousse la porte et je te vois là, étendu sur le sol. Tu ne respires plus. Je te frôle et presse ton cou pour sentir ton pouls... il est lointain. Puis je te parle, je te dis de te battre! Je veux que tu te battes ! Et là comme si tu m’avais entendu, comme si l’amour que je te porte avait franchi les barrières de la mort, tu reprends une grande respiration. Mes yeux glissent sur ton corps à la recherche de blessures. Ta cuisse gauche est éraflée. Elle enfle à vu d’œil et devient bleue. Je suppose qu’elle est cassée. Tu as aussi quelques égratignures au bras droit. Des éraflures. Peut-être une fracture. Je veux croire que c’est tout ce que tu as ! Je ne peux pas accepter qu’il en soit autrement !



Papa affolé nous rejoint. Je lui dis de prévenir Nathalie pour qu'Hugo ne reste pas tout seul. Mon esprit se divise entre mes deux enfants, entre la chair de ma chair. J’ai l’impression de ne vivre que pour vous. J'imagine le coup de massue ma pauvre Nath ! Elle monte retrouver Hugo qui tente de te voir pas la fenêtre.
Papa revient en courant, je lui dis que tu as besoin de ton doudou, de ce doudou qui a accompagné tes nuits, ce doudou qui t’a rassuré pour t’endormir, ce doudou qui va encore te protéger, qui va éloigner le cauchemar éveillé que nous traversons. Ton père remonte le chercher... Les minutes sont interminables. Une personne s'approche de moi, je ne la connais pas, c'est la première fois que je la vois. Elle me dit avoir la formation des premiers secours. Elle te parle..... Puis essaie de téléphoner encore aux pompiers... Papa revient, cette personne inconnue nous laisse, sans doute trop bouleversée par l’épreuve.


J'ai ton doudou dans les mains, je te parle, je te dis qu’on t'aime, qu'il faut que tu sois fort, que le docteur va bientôt arriver. Et là je ne sais pas pourquoi je veux téléphoner à notre médecin traitant... impossible de me souvenir du numéro. Comme si elle pouvait faire quelque chose pour toi. Mais j’ai besoin dans ces instants de me raccrocher à l’idée que quelqu’un va te sauver, que quelqu’un va t’arracher à cette atroce réalité. Je ne réalise pas encore, je ne veux pas réaliser cette fin impossible !

Ta respiration est bruyante, comme des râles, comme si tu avais du liquide dans les poumons.


Entre temps papa a téléphoné à tes grands parents...

Tu bouges ta petite tête comme pour regarder vers moi, tu gémis.... papa me dit que tu as du sang dans la bouche, juste un petit filet de sang. J'essaie de me convaincre que ce n'est qu'une morsure que tu t'es faite....Mon esprit m’interdit de songer à autre chose, d’envisager le pire.
Les pompiers arrivent. Je m'éloigne un peu de toi, quelques centimètres, car je sais qu'ils vont avoir besoin de place. Ces quelques centimètres ressemblent à un gouffre. Tu es trop loin de moi. Puis un pompier me fait me lever et aller plus loin avec papa.

Une jeune fille d’environ 12 ans, s’approche de moi, pose sa main sur mon épaule et me dit qu’elle est sûre que tu vas t’en sortir. Je ne sais quoi dire. Je voudrai la croire, je veux la croire, mais je sais qu’elle se trompe !

Là, deux pompiers tournent ta petite tête pour te mettre la minerve. J’aurais voulu hurler mais je crois qu’aucun son n’est sorti de ma bouche. Ma gorge est trop sèche et mes yeux trop humides. Voilà, je réalise. Tu pars, tu t’envoles mon ange. Je vois du sang sortir de ton oreille. Je sais que c’est fini, ton cerveau est touché. 7 étages…20 mètres…ton petit corps est meurtri.

Le pompier m’éloigne encore plus de toi pour que je ne voie rien de ce qu’ils vont te faire. Ils coupent ton tee-shirt. Je ne vois plus rien à part les visages des badauds curieux du spectacle de ta mort. Certains regards ont de la compassion, d’autres du mépris.

La police arrive, les questions fusent. Je suis la dernière personne à t’avoir vu en vie. On me demande des détails. Les paroles s’échappent de ma bouche mais je ne les entends pas. Mes pensées sont près de toi. Je voudrai que ces pensées soient une couverture chaude et moelleuse dans laquelle t’envelopper.

Je pense à Hugo. La réalité m’accable, me terrasse, comme si le poids de l’absurdité, de l’injustice, s’effondrait sur moi. Comment lui dire ? Comment va-t-il grandir sans son petit frère ? Comment va-t-il se construire après un tel drame ? A ce moment, je ne pense pas à moi, ni à ton père, je ne pense qu’à Hugo, qu’à son existence marquée par cette tragédie.

Le pompier en face de moi pleure. Il me dit, entre deux sanglots, avoir un fils de ton âge. Je cherche à le réconforter. Pourquoi ? Ce n’est pas mon rôle mais je comprends aussi que c’est moi-même que je cherche à réconforter. Les paroles que je prononce me semblent venir d’une étrangère.

Papy arrive. Je me surprends à penser qu’avec son arrivée tout va s’arranger, que tout va rentrer dans l’ordre. J’ai encore ce besoin vital de croire que tu vas être sauvé, que notre amour, que notre famille vont te préserver.

Un policier me dit qu’il n’y a pas de place pour moi dans l’ambulance, que nous devons monter chacun dans une voiture de police.

Il est 16h, les parents se pressent devant l’école dans la rue.

Je sens que mon corps se vide de l’intérieur. Ces parents vont trouver leur enfant au moment où moi je perds le mien.

Mamie arrive, la police demande à papy et mamie de rester un peu sur les lieux.

Nous partons ; la voiture dans laquelle je suis ouvre la route, en tête du convoi, suivie de l’ambulance, puis de la voiture où se trouve papa.

Les choses se bousculent dans ma tête. Les sirènes hurlent. Les voitures se poussent. Dans la descente qui mène à l’hôpital, l’ambulance fait presque du sur place. L’angoisse d’arriver trop tard me serre la gorge. J’étouffe.

Je tente une question aux policiers : « le docteur vous a dit quelque chose ? Il va s’en sortir ? » Ils ne savent pas quoi répondre. Ils n’en savent rien….

A l’approche de l’hôpital, il y a des bouchons. Les conducteurs ne laissent pas passer facilement, le policier fait des manœuvres pour se dégager. Etrangement je n’arrive pas à éprouver de la haine pour ceux qui empêchent l’ambulance de se frayer un chemin. Tout mon esprit est avec toi, à tes cotés……
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